Jean Le Bris : l'oiseau de toile

Récit de Mr Jean Le Goualch dans son ouvrage : Mes histoires de Brest, mais cette histoire se passe à Douarnenez, en Finistère : 

Jean-Marie Le Bris est né à Concarneau en 1817, d'une famille de marins. Il n'avait que dix ans quand son père le fait embarquer comme mousse sur la chaloupe "Marie-Charlotte". Ce sera le début d'une longue série de navigations. Puis il effectue son service militaire sur une belle corvette " L'Héro?ne sous les ordres du commandant Cécile, et fera à cette occasion  un tour du monde en 25 mois. C'est pendant ce périple, dans les mers du Sud, qu'il a son premier contact avec les oiseaux marins: albatros, frégates, qui exercèrent sur lui une véritable fascination par la façon dont ils utilisent les courants aériens. De là lui vint la grande idée ...  À partir de 1880, Le Bris, devenu capitaine de la Coquette, un caboteur qui lui permettait de faire de fréquentes escales à Douarnenez où vivait sa famille, entreprit de construire un oiseau artificiel et déposa un brevet d'invention sous le nom de " Barque ailée" le 09 mars 1857. Cet oiseau était fait de bois et de toile, ses ailes articulées pouvaient être manœuvrées de la carlingue par un système de rames. Fin 1856, l'oiseau est enfin prêt et, au petit matin, aidé de ses deux amis Charles Martin et Guillaume Le Coz, un cortège s'ébranla vers la grande plage de Tréfeuntec, dans la baie de Douarnenez, accompagnant l'oiseau posé sur un " ber", installé sur une charrette conduite par un fermier, Jean-Pierre Le Doaré. 

Installé dans sa nacelle, le fermier sur le côté de la charrette et ses amis tenant l'extrémité des ailes, Jean - Marie donna l'ordre de lancer le cheval au trot, puis au galop, et sitôt qu'il jugea l'élan suffisant, il libéra sa "barque ailée" du châssis qui la maintenant  à la charrette, manoeuvra les leviers de commande d'articulation des ailes et s'élança dans les airs, entraînant avec lui le pauvre conducteur, happé par une corde qui s'était enroulée autour de son corps. Tout à la joie de planer comme un oiseau, Le Bris ne s'était pas aperçu qu'il avait entraîné avec lui le premier passager aérien de l'histoire de la navigation, et ce n'est qu'alerté par les cris de ses amis qu'il se rendit compte de la situation et qu'il manoeuvra pour atterrir au plus  vite. Le charretier ne s'en tira qu'avec quelques contusions.

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De l'île Tristan, sur la rive opposée, des témoins dignes de foi qui n'en croyaient pas leurs yeux, purent attester que l'oiseau avait volé à une altitude d'environ cent mètres sur une distance importante. Par la suite, on conclut que c'était grâce au malheureux charretier, mort de peur au bout de la corde et qui tenait lieu de queue de cerf-volant, que l'expérience avait réussie. Pour la première fois au monde, un Français, Breton et marin avait quitté le sol, non pas en s'élançant d'une hauteur, mais en décollant. Ses concitoyens douarnenistes qui l'avait auparavant traité d'illuminé, le fêtèrent et souhaitèrent le renouvellement de l'expérience.

En 1868, à Brest, une autre tentative avait pour but de survoler le port de commerce, et si le vent tournait en sa faveur, la rade. Seulement à Brest, le vent est souvent farceur, la tentative fut un échec. Cependant, afin de rendre hommage au précurseur de l'aviation qui avait longtemps servi dans la marine, l'ancienne rue du Chemin de fer à Brest, là où s'était déroulée la tentative fut dénommé rue Jean-Marie Le Bris. 

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